Je vais être binaire aujourd’hui, parce que l’actualité me porte à distinguer de mieux en mieux deux tendances « d’opinion » qui, selon moi, ne peuvent en aucun cas coexister.
Basiquement, il y a ceux qui veulent faire avancer l’humanité par la contrainte et ceux qui veulent la faire avancer par la conscience. C’est assez simple à distinguer, finalement. Et vous, êtes-vous adeptes de l’idée qu’il faut des obligations pour que les choses aillent vers « un mieux » ? Pensez-vous qu’il faut imposer des règles de conduite qui soient les mêmes pour tous ?
– Oui, c’est obligatoire ! direz-vous. Si tout le monde faisait ce qu’il voulait, ce serait l’anarchie !
Quelques questions
Avez-vous vraiment l’impression que notre monde n’est pas déjà dans le chaos complet ? Ça ne date pas d’hier, non ?
Êtes-vous réellement persuadés qu’en serrant la vis toujours plus nous allons finir par obtenir le bonheur auquel nous aspirons ?
Va-t-on obtenir un nouveau résultat avec nos vieilles méthodes qui ont montré et montrent toujours plus leur non-sens ?
Avez-vous souvent vu le bonheur naitre de la contrainte ?
Tournez dans vos arguments à loisir. Faites semblant de ne pas me comprendre. Jouez avec les mots, malaxez-les, faites-leur dire jusqu’à l’exact contraire de l’intention qui me les fait écrire. Ces arguments sont votre somnifère et vous avez bien entendu raison de les utiliser si vous souhaitez continuer à dormir.
La contrainte, c’est-à-dire l’usage de la peur et en bout de course de la force, voyez-vous, est toujours l’aveu cinglant d’une faiblesse de vue. Quiconque regarde clairement et sincèrement les processus en jeu se rend compte que contraindre revient à mettre un couvercle sur un chemin que voudrait prendre la vie. Or, sa puissance ne peut être éternellement contenue derrière les barrages de notre raison. Les barrages finissent par céder et c’est la catastrophe… pourtant bien prévisible.
Je vais être plus clair : quand vous contraignez quelqu’un à marcher droit selon vos critères et à l’encontre des siens, vous créez un barrage entre son élan de vie et son expression. Cela ne peut que créer en lui une frustration qui va enfler jusqu’à devoir s’exprimer de manière fracassante. La compréhension de ce processus tout simple ne relève que du bon sens. Tenter de le complexifier jusqu’à en perdre l’évidence n’est que le sport favori de ceux qui ne se servent de leur intellect que pour justifier leur sommeil. Et Dieu sait si ce rempart-là est puissant. Il n’y a pas pire mensonge que celui qu’on se fait à soi-même.
Une société basée sur la contrainte est une impasse que nous expérimentons depuis trop longtemps. Quand en ferez-vous le simple constat ?
Une société qui évolue selon le rythme de sa conscience qui s’éveille me plait plus, bien sûr, mais s’avère surtout notre seule voie de salut. Ceux qui pensent sans cesse contraindre, éteindre toute forme de divergence, de contestation, le font soit très consciemment – et ceux-là sont un tout petit nombre – soit sous l’impulsion d’une peur non reconnue au fond de leur propre mémoire. Cette peur est toujours celle de prendre enfin à bras-le-corps sa souveraineté individuelle, celle de se rendre vulnérable, de cesser de se défendre contre les autres, contre l’extérieur, et finalement contre tout.
Oui, je l’ai dit, écrit, et je le redis ici, vous collaborez à ce monde de terreur, que profondément, j’en suis sûr, vous ne voulez pas réellement soutenir, à chaque fois que vous succombez à la croyance qu’il faudrait contraindre « les autres » à faire ce qui vous parait juste. Vous vous illusionnez. Vous créez la guerre tout en argumentant que vous souhaitez la paix. Je vous en prie, plongez en vous et tentez de contempler ce que je viens d’exposer, sans argument, juste pour vivre l’expérience personnellement.
Comment ma propre haine s’exprime-t-elle ? Pourquoi je déteste « les gens qui… » ? D’où vient cette haine et quelle est ma manière unique et personnelle de l’exprimer et de collaborer à la guerre sur Terre ? N’est-elle pas seulement une réaction à de vieilles blessures dont je pourrais enfin prendre la responsabilité ?
Pourrait-on tenter la paix ?
Tenter la paix, c’est cesser de vouloir contraindre le monde à se comporter de telle manière qu’il me paraisse moins menaçant, c’est cesser de mettre mon énergie à me protéger des autres par peur que leur rencontre ravive d’anciennes blessures non consolées.
Tenter la paix ensemble, c’est entrer résolument dans une société de la conscience, pour ne pas dire de l’amour. Tenter la paix, c’est tourner définitivement le dos au mode de pensée qui crée la contrainte, pour soi comme pour l’autre. Lui tourner le dos et ce sans regret parce qu’on a enfin compris qu’il s’agissait d’un cul-de-sac.
Oui, il y a définitivement les collabos, adeptes de la contrainte, et les résistants, ou plutôt des résilients, adeptes de la conscience et donc du dialogue. Et, c’est vrai, il y a aussi des collabos qui se prennent pour des résistants, n’ayant pas encore remarqué qu’ils nourrissaient encore le désir que les autres se comportent autrement. Je suis dur et éventuellement choquant. Le choc est à la hauteur de la prise de conscience nécessaire.
Ne croyez pas, dans un ultime sursaut de votre volonté d’argumenter, que les choses sont plus complexes qu’il n’y parait et qu’il existerait un joyeux mariage entre contrainte et conscience. Ce ne serait qu’un ultime mensonge que vous vous feriez à vous-même pour éloigner encore un instant l’évidence.
Il n’y a aucun mariage possible entre contrainte et conscience. La contrainte, c’est le vieux monde. Si celui-ci vous plait, restez-y. La conscience, c’est le nouveau monde, qui se déploie dans la douceur – et cela ne signifie pas sans fermeté – dans le dialogue et dans la rencontre de soi et de l’autre. Si cette voie vous plait mieux, nous risquons de nous retrouver sur le même chemin. Au plaisir de vous y rencontrer !
Notes personnelles
Notez bien que beaucoup de questions s’ouvrent lorsque nous prenons la décision d’envisager une société consciente, sans contrainte extérieure. C’est évident ! Devrions-nous pour autant continuer à argumenter sans en franchir le seuil ? Non, ces questions sont à creuser et je me ferai un plaisir de le faire avec vous. Dialoguer, répondre aux questions, ou mieux, créer ensemble, ça m’intéresse. Les « contres » qui ne posent pas de question mais défendent leur contrisme, passez votre chemin. Ne dépensez ni votre énergie ni la mienne. Nous nous retrouverons plus loin ou plus tard avec plaisir, puisqu’on ne peut indéfiniment rester dans l’oubli de l’amitié qui nous relie au-delà des rôles que nous jouons.
Notez aussi que je ne prétends pas détenir toutes les réponses, ni avoir envisagé tous les aspects de cette vision que j’exprime. Nous avons besoin d’avancer et d’expérimenter ensemble. Tout est devant nous. Je ne sais pas plus que vous où nous allons. A peine ai-je pu déblayer quelques notions et vivre quelques expériences. Il m’est simplement impossible d’encore cautionner une société qui se sclérose dans ses incohérences, ni de retenir ma volonté d’agir selon la direction dictée par mes ressentis et mes observations. Je ne vois que trop l’échec de la contrainte, là où seul le dialogue peut nous sauver. Pour réellement dialoguer, il faut avoir appris à ne plus se défendre, à ne plus chercher à convaincre ou à convertir, afin de découvrir une écoute curieuse du point de vue de l’autre, sans jugement. Tout cela est un travail, très enthousiasmant qui plus est, et tout-le-monde en sort gagnant. Quelle joie ce sera lorsque nous aurons passé ce cap de conscience collectivement ! Et c’est à portée de main, j’en suis sûr. La pression actuelle nous aide à accoucher de cette conscience-là.
Alors dialoguons. Créons. Quittons la haine et les jugements. Quittons les peurs, les soumissions et les mensonges. Inventons les moyens de la paix sur cette planète !
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