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À l’heure où la confiance en nos monnaies officielles et ceux qui les gèrent (!) semble se dégrader, beaucoup de belles énergies se mettent en place pour se réapproprier les circuits d’échanges économiques. Voici mon constat après plus d’un an de conférences, de rencontres et ateliers suivis et donnés sur le sujet.

« Ceux qui les gèrent ? » Cela ne vous choque-t-il pas ? Certains ne s’intéressent pas à cette question, là où d’autres se réveillent en force face à l’énormité de la situation : nous ne sommes pas les gérants de nos monnaies ! C’est tellement énorme que ça peut encore passer pour normal à la majorité.

Or, sur le circuit énergétique dont l’argent se fait l’intermédiaire, il existe comme une grande pieuvre planétaire, ou encore quelques grands vampires, qui en détournent une bonne partie du débit pour satisfaire leurs propres ambitions. Cautionnons-nous ces ambitions ? Bien souvent non. Or, chaque fois que nous consommons, nous donnons bel et bien une part de notre énergie vitale à ces vampires que sont les grands groupes financiers et les multinationales, mais aussi à nos gouvernements, qui semblent de plus en plus incapables de résister à une forme de corruption systémique, favorisant toujours plus cette grande pieuvre au détriment du bien commun.

La souveraineté économique que désirent de plus en plus d’entre nous, c’est se réapproprier totalement la conscience et le pouvoir sur la manière dont notre énergie vitale est utilisée : par qui et pour quoi.

Nos monnaies ne sont pas « souveraines », parce qu’elles sont contrôlées par des institutions extérieures à nous. Or, il existe des outils simples pour comptabiliser nos échanges. Ceux-là ne nécessitent aucun intermédiaire, et aucune instance extérieure ne peut y exercer un quelconque pouvoir.

On peut utiliser ces outils pour s’émanciper de cette escroquerie mondiale qui ne profite qu’aux 1 % les plus riches. On peut les utiliser pour retisser du lien local et des échanges courts. On peut les utiliser en tant que résistants à un système dominant que nous ne cautionnons plus. On peut les utiliser par curiosité, par envie de fonctionner autrement, avec d’autres valeurs.

Finalement, chacun a ses raisons. Ce qui compte pour moi, c’est que ces outils soient connus. Je suis persuadé qu’ils viendront bien à point, plus vite qu’on le pense, pour assurer notre résilience, notre solidarité, et notre créativité en vue de nous diriger vers un autre monde plus humain pendant que l’ancien, celui du mensonge et du pouvoir qui ne profite qu’à certains, s’effondre.

Quels sont ces outils ?

Je ne parlerai que de ce que je connais et utilise : le JEU et la june.

Le JEU

Le jardin d’échange universel, mieux connu sous l’acronyme JEU, est l’alternative à la monnaie la plus « souveraine » que je connaisse. Sans m’attarder sur son fonctionnement, proche des SEL et extrêmement simple, je peux seulement vous dire qu’il permet de réaliser des échanges comptabilisés sans l’intervention d’aucune autorité extérieure. Seuls les deux protagonistes de l’échange décident de la valeur de la transaction et la notent dans un simple petit carnet en papier. Le fait que ce soit en papier nous laisse parfaitement libres de tout intermédiaire dont le fonctionnement se retrouverait géré ou contrôlé par un tiers. Pas d’intermédiaire, pas de possibilité de prendre un pouvoir ou de détourner une partie cette énergie « argent », notre énergie.

Pour aller plus loin, l’excellent site de nos amis québécois : http://lejeu.org ou cette video : https://odysee.com/@lejeu/qu-est-ce-que-le-jeu

Pour commencer en Belgique : http://jardindechangeuniversel.be

Mais aussi le groupe “JEU Belgique” sur Facebook : https://www.facebook.com/groups/423907562370866

La june

La G1 ou june, appelée aussi « monnaie libre », bien qu’elle me paraisse moins libre que le JEU, est une cryptomonnaie. Très simple d’utilisation, même si son fonctionnement paraitra vite complexe au novice, elle a l’avantage d’éviter presque tous les intermédiaires. Presque ? Oui. Elle n’est donc pas souveraine, car elle nécessite internet pour fonctionner, c’est-à-dire un ordinateur, de l’électricité, mais aussi des gens qui gèrent les logiciels qui lui permettent de tourner. Cependant, elle mérite d’être connue et utilisée car elle possède pour moi certaines qualités extrêmement précieuses :

  1. La transparence totale. En effet, toute transaction est visible et tracée. Le compte de chacun est consultable par qui veut. Cela fait peur, ai-je parfois entendu. Eh oui, dans un monde où le secret des transactions a toujours été gage de tranquillité, on n’est pas habitués. Mais c’est là pour moi l’ingrédient majeur d’une économie libre. Notre économie actuelle est d’abord et avant tout corrompue par le mensonge et la dissimulation. Ici, ce « problème » est contourné sans détours.
  2. Les outils informatiques permettant de diffuser les offres et demandes des participants sont bien développés et une communauté enthousiaste contribue chaque jour à les améliorer. Je suis moi-même parti en vacances cette année en payant mon emplacement de camping en junes et en rencontrant, par la même occasion, de charmantes personnes qui partagent mes valeurs quant à cette question de souveraineté.

Pour aller plus loin : https://monnaie-libre.fr/

Les sites https://www.gchange.fr et https://airbnjune.org/

Mais aussi de nombreux groupes locaux qui communiquent via Telegram.

Conscience

Au-delà de ces deux outils, il me parait essentiel d’évoquer le fait que ce ne sont pas seulement eux qui vont créer une économie plus libre, plus transparente, plus humaine. C’est la conscience avec laquelle nous allons les utiliser.

Les outils mettent en place un terrain de jeu où tout est à créer. Ils ne sont que prétexte à la rencontre et à l’invention de nouvelles règles collectives.

Je crois que le monde de demain sera pluriel. Il nous faudra apprendre à le partager avec de nombreux points de vue différents du nôtre et non plus chercher à accorder tout le monde sur la même fréquence, en créant des règles qui s’appliqueraient à tous. Étrangement, l’unité ne naitra pas pour moi de l’uniformisation, mais de l’acceptation qu’il puisse exister de nombreuses règles du jeu, permettant à chacun de choisir et de créer le jeu auquel il souhaite jouer. Il nous faudra apprendre à laisser vivre d’autres façons de faire, à laisser se former des groupes « souverains », c’est-à-dire constitués d’individus « souverains ». La gageüre ne sera plus de tenter de se mettre tous d’accord sur les règles, mais de permettre à chaque jeu d’être joué en respectant celui des autres.

Je ne crois pas en un monde d’obligations. Je crois en un monde de propositions. Oui, il est possible de faire autrement que payer des impôts parce qu’on y est obligé, par peur de la sanction. Oui, il est possible de choisir, individuellement, à quel projet collectif nous souhaitons participer financièrement, à quel monde nous souhaitons donner notre énergie vitale. Oui, cela requiert d’oser affronter toutes les résistances de ceux qui y perdraient leurs privilèges. Oui, cela requiert d’oser affronter nos propres insécurités, ainsi que celles qu’on provoque chez l’autre. Mais je crois que c’est par là que nous allons, quoi qu’il arrive. Alors, mieux vaut se tenir prêts et informés si on veut surfer sur la vague du tsunami mondial qui s’est clairement levée face à nous.

Pour ma part, j’ai commencé, et je suis très enthousiaste ! C’est pourquoi je continue à organiser le changement et à le communiquer, comme je le fais lors des conférences auxquelles je suis invité, ou encore en écrivant cet article. La joie est grande pour moi de rencontrer toujours plus de gens motivés et déjà bien actifs dans la cocréation d’autres possibles !