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Quand j’ai écouté ce que la plupart des médias ont raconté de la marche pour la liberté du 23 janvier à Bruxelles, mon coeur a bondi de colère. J’étais touché et même écoeuré. Après avoir rencontré cette colère et après l’avoir digérée, je me suis dit ce matin : « Bien sûr ! La plupart des gens, et les journalistes en font partie, ne comprennent pas ce qui se joue. Et quand on ne comprend pas, on est naturellement méfiant, et on regarde le monde depuis ce sentiment de méfiance. »

Alors, peut-être pourrais-je tenter d’expliquer ? C’est une responsabilité à prendre. Pourquoi se fâcher de ne pas être compris, quand on ne cherche pas à se faire comprendre ?

Dès lors, voici ma tentative.

Beaucoup d’amis à moi ont marché ce jour-là. Ils ne sont pas extrémistes, ni de droite ni de gauche. Ils ne sont ni haineux, ni violents. Ils font, bien au contraire, partie des personnes de mon entourage les plus ouvertes d’esprit, les plus soucieuses du bienêtre collectif, les plus enclines à tenter de ne pas juger ceux qui ne pensent pas comme eux.

La crise dans laquelle nous nous sommes engouffrés depuis deux ans a été, pour beaucoup d’entre nous, une révélation accélérée sur l’état calamiteux de notre monde. Pas seulement l’état extérieur de notre planète, exploitée sans conscience, mais aussi l’état intérieur de l’humanité qu’elle porte. Je veux parler de cet état défectueux de l’âme humaine, gangrénée par le mensonge et les dissimulations.

Bien qu’ayant toujours été intéressé par le fonctionnement de notre monde, à travers ses institutions, je n’avais pas encore compris l’ampleur de sa corruption :

  • Un système financier mondial mafieux, qui détourne l’énergie de travail de la majorité au profit d’une poignée d’ultrariches

  • des politiques nationales gangrénées par les lobbys des multinationales

  • une « science », ou plus justement des « scientifiques » sans éthique ou sans vision, truffés de conflits d’intérêt

  • des laboratoires pharmaceutiques escrocs, condamnés à des milliards d’euros ou de dollars pour charlatanisme, et à qui certains continuent à faire (étrangement) confiance

  • une filière alimentaire mondialisée en putréfaction

  • un journalisme propagandiste

  • des services de santé gérés comme des entreprises, sans plus de place pour l’humanité

  • un état d’être global de compétition, où il faut écraser l’autre ou le tromper pour le dominer

  • un conformisme dont j’ignorais alors l’ampleur

  • une promptitude à juger ceux que nous ne comprenons pas

  • un lit de peurs latentes sur lequel nous nous anesthésions, loin de nos forces créatrices

et surtout

  • une déresponsabilisation de la plupart d’entre nous, qui laissons faire tout ceci sans rien dire, ou si peu.

Or, je ne connais personne qui ne soit habité par l’idéal du beau, de la fraternité, de l’envie de vérité, de paix et de liberté. Certes, nous avons été conditionnés depuis des siècles à accepter notre situation de dépendance vis-à-vis d’un pouvoir extérieur, en échange peut-être d’un simulacre de sécurité. Cela fait tellement partie de notre ADN que nous considérons cette situation comme « normale ». Or, il est loin d’être « normal » d’accepter une société si malade. Au contraire, il faut être soi-même malade pour la voir comme « normale ».

Aujourd’hui, beaucoup voient encore notre crise comme « sanitaire », comme on l’a dit à la télé. Mais beaucoup d’autres ont senti en eux un « trop plein » de mensonges, si bien qu’ils se lèvent et commencent à marcher, avec l’envie de créer ce monde plus sain, plus vrai, plus fraternel, qu’en réalité nous portons tous en nos coeurs, même si nous en avons pour un temps oublié les contours. Ceux-là, dont je fais indéniablement partie, observent bien une crise de conscience, qui nous place devant un rendez-vous majeur, autant individuel que collectif. Ceux-là pensent qu’obliger n’est jamais « normal », et ont peut-être compris avant les autres que tout viol de liberté mène à la guerre.

Une vague mondiale de conscience, de volonté de vérité, a commencé à se lever. Les « marches pour la liberté » en sont une manifestation.

Pour ceux qui l’ignorent encore, sachez que dans toutes les villes et de nombreux villages de Belgique, d’Europe et du monde, de petits groupes de résilience se créent et se questionnent sur notre actualité, cherchant des solutions. Ces groupes se relient en réseau et montent des actions, tantôt visibles, tantôt souterraines. Ce monde d’à côté a commencé d’exister, en marge de l’hypnose collective, et c’est peut-être cela que beaucoup peinent à voir.

Oui, j’entends que cela soit surprenant, et peut-être inquiétant, pour ceux qui sont encore inconscients de cette déferlante de rébellion pacifique qui s’annonce. Mais que tout le monde se rassure : la paix n’a jamais fait de mal à personne, bien au contraire. Ceux qui se lèvent le font au service de notre unité, parce que trop conscients du clivage qu’on tente de nous vendre. Tout le monde sortira gagnant de cet élan, sauf ceux qui souhaitaient encore dominer les autres par le mensonge, la peur ou la violence.

Il faut pouvoir entendre cette voix qui s’éveille, dans un nombre croissant de coeurs, criant le refus de la division, le refus du mensonge, le refus de la guerre et donc du contrôle et des obligations, et le refus des privilèges. C’est tout. Pas de quoi avoir peur, pas de quoi étiqueter à tout-va « complotiste », « extrême droite », « anti-tout » pour classer l’affaire sans suite et continuer à dormir sur ses deux oreilles. Si cette réalité vous échappe encore, n’ayez crainte. Intéressez-vous à la question, sans jugement. Intéressez-vous à vos propres peurs, celles justement qui vous empêchent de voir ce mouvement désormais mondial sans le juger dans ses tentatives, forcément maladroites. C’est plutôt une bonne nouvelle, dont tout le monde devrait se réjouir.

Voilà ma tentative de dresser un profil-type des « marcheurs du dimanche » que je connais. Ceux-là sont-ils majoritaires, aux côtés des casseurs violents et des extrémistes haineux ? J’ose le croire, mais chacun aura son sentiment, bien entendu.

Belle journée à tous et à la joie de parcourir ces heures autant difficiles que magnifiques à vos côtés. Il reste encore bien des pas à accomplir, mais n’est-ce pas enthousiasmant ?