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J’ai l’impression qu’un jour très proche, il nous paraitra tout simplement aberrant que nos gouvernements se soient sentis obligés de prendre une position autoritaire par rapport à la crise du covid, nous indiquant la marche à suivre et, comble de non-sens, de l’imposer par la force au « peuple ». Quelle déconnexion du bon sens ! ne pourrons-nous qu’admettre. Et pourtant, nous sommes, pour beaucoup, tellement déconnectés de notre réalité individuelle profonde que cela nous semble normal.

Ce postulat vous semble peut-être étonnant, mais examinons ensemble la situation. Cela requiert une ouverture d’esprit certaine et une faculté de sortir son nez du guidon.

Qui a fait notre Histoire ?

Avez-vous remarqué comme nos cours d’histoire ne sont qu’une succession de faits politiques et de dates. Mais pensez-vous une seule seconde que la politique soit à l’origine d’une quelconque évolution de notre espèce ? Pour moi, c’est le monde à l’envers. Regarder l’histoire par les faits politiques, c’est comme prétendre décrire une maison en mentionnant seulement la couleur de sa façade.

Considérons l’ensemble du processus qui fait avancer notre espèce et observons que l’histoire qui se déploie sous nos yeux, tous les jours et depuis toujours, est celle de la Conscience. Avant de devenir un fait politique, économique ou social, toute idée, tout sentiment, toute action, a dû germer dans l’imaginaire créatif d’un individu. Un ou plusieurs, d’ailleurs, mais il s’agit toujours d’un mouvement qui ne peut avoir comme récepteur que l’individu.

Un exemple de prise de conscience

Prenons l’exemple de l’écologie. Cette prise de conscience de notre impact sur notre environnement est-elle passée de l’imaginaire au politique sans transition ? Non, bien entendu, et il est très intéressant de chercher à comprendre par quelles étapes les « choses » s’incarnent jusque dans nos actions quotidiennes.

Pour faire bref, il a d’abord fallut que certains individus réalisent que notre espèce prenait une route en cul-de-sac et désirent y remédier. Il a fallut qu’une infime minorité prêche dans le désert durant de longues années et que cette prise de conscience traverse tous les stades de défense psychique de nos collectivités (voir mon dernier article), de l’ignorance à l’opposition violente en passant par la raillerie condescendante. Une fois atteinte une certaine masse critique d’êtres « réveillés » à cette conscience, et déjà actifs en ce sens dans leur quotidien, l’ensemble de notre société a commencé à suivre et, finalement, en bout de course, cette conscience se traduit en lois qui codifient nos habitudes. En réalité, ce ne sont pas les lois qui ont créé nos habitudes, ce sont bien nos habitudes qui ont créé nos lois… à moins que…

Une saine politique

Ce serait en tout cas le modèle sain d’une politique qui s’évertue à coordonner le déploiement de la conscience collective, qui se décline en aspects si multiples que certains peuvent paraitre, à première vue, opposés. C’est là « le bel exercice de la politique ».

Si la politique était à sa place, elle aurait l’humilité de se rendre compte qu’elle n’a pas à diriger, mais à coordonner, en offrant une place au dialogue bienveillant. Jamais la souveraineté individuelle ne devrait tomber dans les mains d’une quelconque instance extérieure. La politique en tant que telle n’a même pas à tenter d’insuffler une direction aux collectivités : c’est le rôle de la Conscience. Cette Conscience qui se meut et se cherche, sans qu’on puisse en embrasser pleinement les desseins ; cette Conscience qui s’éveille en chacune et chacun selon son rythme propre.

Bien sûr, un être qui se dédie par vocation à cette « coordination » de nos collectivités peut être porteur, à titre individuel, d’un idéal et donc d’une direction. Mais l’intelligence qu’il est temps de développer ensemble doit passer par le constat qu’aucun mouvement imposé par la force ne portera de beaux fruits. C’est la maturité de notre conscience collective qui crée notre monde extérieur, et seul l’amour la fait croître. Ce n’est pourtant pas si compliqué à comprendre !

Un gouvernement qui impose est un gouvernement malade

Mais ne passons pas sous silence que, parallèlement, un individu qui se laisse dicter sa conduite est un individu tout aussi malade. Il souffre de déconnexion d’avec son être profond, souverain par nature.

Il n’y aura donc jamais le bon peuple et le mauvais gouvernement : ce n’est qu’une énième forme du duo bourreau-victime que nous entretenons tous en nous depuis… oh, ça fait longtemps !

C’est pourquoi la crise que nous traversons n’a pas à être gérée exclusivement par les gouvernements, mais bien par chacune et chacun de nous, reconnecté à sa propre souveraineté. Si nous connaissons aujourd’hui une forme d’autoritarisme qui semble peut-être encore naturel à certains (mais pas à moi, vous l’avez compris), ce n’est qu’à cause de notre démission individuelle face à notre capacité à nous sentir reliés aux autres, à tous les autres, dans une communauté de destin.

LA solution

C’est de la prise de conscience et de la créativité – appliquée – de chacun d’entre nous que doit naitre LA solution, multiple mais unifiée, en aucun cas uniforme, et en aucun cas imposée. Ceux qui tentent, dans leur ignorance des processus psychologiques qui nous gouvernent, de forcer le chemin de notre conscience humaine, même avec la meilleure intention du monde, agissent comme le jardinier qui tirerait sur la tige d’une fleur pour qu’elle grandisse plus vite. Ceux-là sont des dictateurs, même peut-être sans s’en rendre compte. Je dis « ceux-là », mais nous avons tous en nous ce penchant à croire que nous détenons une vérité bonne à imposer aux autres.

Sans liberté pas de paix

Ce sont des considérations très larges, mais tentons de les appliquer à notre actualité :

Comprenant ces mécanismes psychologiques qui nous régissent, nos gouvernants devraient avoir l’intelligence de ne rien imposer mais de se borner à coordonner (et ce n’est pas une mince affaire), et nos gouvernés devraient avoir l’intelligence de ne rien se laisser imposer, mais au contraire de proposer, de créer et de vivre ce que leur être profond perçoit comme juste.

Le libre choix de réaction face à cette crise de conscience – bien plus que sanitaire – est l’ingrédient incontournable d’une traversée pacifiée. Dans un même temps, il nous faut nous éduquer rapidement à bâtir cette « paix » (et ce n’est pas une mince affaire non plus), c’est-à-dire nous élever collectivement au niveau du dialogue bienveillant, afin de coordonner les réponses issues de la multiplicité des sensibilités que nous incarnons.

Nous sommes l’Humanité et, pour cette raison, nous devons commencer immédiatement à cocréer l’unité dans la multiplicité.