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Une révolution sans combat

La révolution des êtres humains qui choisissent de prendre la responsabilité de leur individualité ne peut s’accomplir que dans la non violence. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a que l’ego qui désigne un coupable à combattre. Les egoresponsables ne combattent rien ni personne, bien au contraire : ils prennent soin de leur ego, le nourrissant sainement afin qu’il ne devienne pas obèse, ils prennent soin de tous les êtres humains, incluant leurs adversaires, et ils prennent soin de la vie dans son ensemble. Leur force n’est pas armée, mais seulement celle de dire « non » à ce qu’ils ne souhaitent pas vivre, ainsi que dans leur capacité à créer ce qu’ils veulent vivre.

S’approprier un morceau de la Terre et le désigner comme « à moi », si bien qu’on puisse en faire commerce, est un autre symptôme de l’ego malade. Notre société souffre de la propriété privée, qui permet la spéculation et l’enrichissement continu des plus riches. La propriété privée est une assise de la notion de pouvoir, dont nous sommes nombreux à vouloir libérer nos vies et notre planète.

L’intention d’habiter un lieu ne devrait pas être de le posséder, mais d’en prendre soin.

Nous n’allons donc pas forcer les propriétaires à céder leurs « biens », dans une énième révolution guerrière. Non ! Nous allons créer des communautés qui prendront soin des terres redevenues libres.

Question : Comment les terres seront, sans violence et sans heurts, rendues progressivement libres ?

  1. Tout propriétaire pourra faire le choix de rendre la liberté à ses possessions à sa mort, ou avant sa mort.

  2. Les communautés habitant les terres libres pourront racheter progressivement d’autres terres, afin de les affranchir du monde de l’ego.

Peu à peu, nos villes, villages et campagnes seront libérés, au rythme juste et sans brusquer ni juger personne. Quitter le monde de l’ego ne peut être qu’un choix délibéré, fait en conscience. Nous ne sommes pas tous égaux face à cette transition, simplement parce que nous n’avons pas tous la même maturité de conscience du coeur. C’est un fait totalement neutre en lui-même, qui ne nécessite aucun jugement de valeur. Un être humain de soixante ans devrait-il se sentir supérieur ou inférieur en valeur à un enfant de trois ans ?

Le pari sera plus risqué pour les pionniers, comme c’est toujours le cas. Pour les premiers qui oseront ouvrir la voie, il s’agira d’une vraie aventure à parcourir, sur tous les plans : juridique, économique, politique, et en bref humains.

Question : Si j’ai bien compris, tout le monde louera son lieu d’habitation. Ce n’est pas révolutionnaire, et peut-être même dangereux : ça ressemble au communisme.

Oui, nous deviendrons locataires – si nous choisissons ce mode de vie – mais la révolution réside dans le fait que nous ne serons plus les locataires de propriétaires privés détenant richesse et pouvoir, mais de notre propre communauté. Cela existe déjà. Cela se fait à Auroville, par exemple.

Question : Je souhaiterais participer à ce mouvement, mais je ne voudrais pas laisser mes enfants sans héritage. Comment faire ?

Il nous faudra créer de multiples modalités de transition entre ce monde de l’ego et celui de la frasorité, et ces modalités devront s’attacher à prendre en compte les douleurs et peurs occasionnées. Lâcher le besoin de posséder n’est pas simple pour un ego, et nous devons prendre grand soin de cette difficulté, en nous réjouissant de chaque millimètre parcouru par un être dans cette direction. C’est à nous d’être créatifs en ce sens. Vous pourriez parfaitement faire don de votre bien à votre communauté, tout en demandant qu’une partie des revenus de location revienne à vos enfants pendant un certain nombre d’années, le temps par exemple que la valeur consensuelle du bien soit remboursée à vos héritiers. Tous les possibles sont devant nous. Notre créativité est attendue.