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Cela fait maintenant plus de six mois que nous nous sommes engouffrés collectivement dans cette crise historique d’ampleur mondiale. Il m’apparait aujourd’hui plus qu’évident qu’il ne s’agit pas d’une crise sanitaire, mais bien de l’émergence des effets visibles d’une crise bien plus profonde, entamée depuis certainement plusieurs décennies et sans doute bien plus encore, au niveau de notre conscience collective. Et dans tous les cas, elle est un rendez-vous avec notre conscience humaine. Ce rendez-vous, que nous le voulions, l’attendions, l’acceptions, le refusions, ne change rien à sa réalité.

N’est-il pas temps de nous élever, rapidement, au-dessus de la guerre des arguments extérieurs ? Sommes-nous à ce point frileux que nous demeurons sans cesse aux portes de notre propre responsabilité sans oser en franchir le seuil ?

Ne percevez-vous pas que ces débats sans fin, dans lesquels nous nous évertuons à prendre parti pour ou contre la parole de tel expert, tel journal, tel guru, tel philosophe, perpétue en chacun de nous cette démission permanente de notre propre responsabilité, et nous éloigne de notre pouvoir de créer notre vie, notre société, notre monde ?

Ne lisez pas cette phrase trop vite, en imaginant peut-être en mesurer toute l’importance. Je ne peux que remarquer, avec un certain étonnement, à quel point la réalité qu’elle tente de désigner échappe encore à un trop grand nombre d’entre nous, malgré qu’elle puisse sembler pur bon sens.

Parlons concrètement : que vous soyez pour ou contre le masque, pour ou contre le professeur Raoult, pour ou contre les vaccins, que vous croyiez ou non au grand complot mondial, que vous regardiez avec intérêt, peur ou mépris les informations et contre-informations dont nous sommes bombardés jour après jour, tout cela est et restera anecdotique. Cela ne constitue que la surface, la superficie, les conséquences les plus extérieures, de la crise de conscience qui vient frapper à notre porte individuelle.

woman standing in brown field

Et ce rendez-vous individuel pourrait être décrit comme ceci :

Pour affirmer et légitimer votre « opinion », n’avez-vous pas pris l’habitude de faire appel à des arguments extérieurs à vous ? Regardez attentivement : que ces arguments soient d’ordre scientifique, religieux, dogmatiques, il font toujours appel à une instance extérieure en laquelle vous croyez. Peu importe même votre maturité dans cette habitude humaine de croire : que vous soyez de ceux qui croient naïvement, de ceux qui cherchent des sources différentes à recouper, ou encore de ceux qui choisissent leur position plus consciemment, ayant mené leur propre enquête assortie d’un travail personnel pour éliminer un maximum de biais psychologiques, tout cela ne change rien au fait que vous continuez à déléguer à l’extérieur de vous le pouvoir de vous donner votre direction.

Cette crise est une invitation, simple et directe, à nous positionner depuis notre volonté et non plus depuis notre croyance. Comprenez-vous cela ? Êtes-vous capables de percevoir cela ?

Comprenez que vous n’êtes pas obligés de faire appel à telle étude ou tel expert pour appuyer votre décision de porter ou non un masque. Comprenez que vous n’êtes pas obligés d’essayer de convaincre les autres que vos sources sont plus sûres que les leurs ou que votre position est plus éclairée. Comprenez que vous êtes le seul expert, la seule experte, en ce qui concerne vos choix de vie. Comprenez que lorsque vous décidez au lieu de croire, vous créez notre monde plutôt que de laisser à d’autres le pouvoir de le faire pour vous, avec votre propre énergie.

Ne cherchez pas d’arguments extérieurs pour défendre la vision du monde dans lequel vous souhaitez vivre. Vous avez simplement le droit inaliénable d’exprimer cette vision qui vous est propre, belle et riche de votre perception si particulière et unique du réel. Vous avez le droit de choisir votre route sans la justifier. Ne laissez plus ce pouvoir à d’autres, arrêtez de vous positionner selon les arguments extérieurs qu’on vous tend. Dès que vous les saisissez, vous reniez, sans vous en rendre compte, votre propre pouvoir et votre dignité.

Qui peut s’étonner de voir se succéder, dans notre histoire collective, toutes les formes possibles de dictature ? Qui peut s’étonner d’encore voir aujourd’hui le même scénario se reproduire ? Nous en sommes collectivement et individuellement responsables. Dès que nous défendons « notre monde » contre celui des autres, nous entrons en guerre. Dans cette guerre, il y aura un gagnant et un perdant. Le gagnant écrasera le perdant en lui imposant sa version du monde. Le perdant ravalera sa frustration, guettant le moment de sa vengeance, même plusieurs générations plus tard. Ainsi s’égare si tristement notre humanité depuis… si longtemps.

Pourquoi sommes-nous responsables de cet état de fait ? Ce n’est pas compliqué à comprendre. Si vous voulez imposer votre version du monde aux autres, vous vous comportez en dictateur. Si vous étiez soudain mis au pouvoir, vous seriez donc un dictateur. D’ailleurs, là où vous êtes au pouvoir, vous êtes sûrement déjà un dictateur. Que ce soit au boulot, en famille, et jusque dans votre propre monde intérieur. Celui qui veut imposer une vision contre une autre est forcément un être qui n’a pas fait la paix avec toutes les parties de lui-même, et qui se comporte en dictateur au sein même de sa propre psyché, refoulant dans l’inconscient les aspects de lui-même qui ne conviennent pas à ce qu’il voudrait être.

Ce mécanisme est tellement ancré en nous que nous ne pouvons que le reproduire indéfiniment, à l’extérieur comme à l’intérieur de nous.

Que ce constat ne nous décourage cependant pas ! Si nous sommes capables de considérer cette crise comme le rendez-vous pris avec le réveil de notre propre responsabilité, celle qui nous fait enfin participer à la cocréation de notre monde, nous avons alors la chance de poser le pied sur le seuil de cette conscience que nous avons refusée jusqu’ici, sans doute par peur.

Oui, prendre cette responsabilité fait peur. Certes, il n’est pas simple de la prendre dans un monde où bon nombre des zombies que nous sommes, inconscients de cet état d’esclavage de notre conscience, se comportent en gardiens zélés de notre prison collective.

Oui, il faut un courage : celui d’oser dire stop à ce que nous ne voulons plus, quitte à tout perdre extérieurement, assorti de celui d’oser exprimer ce que nous voulons voir advenir, afin de gagner intérieurement une position digne d’être appelée humaine.

Notez encore qu’affirmer votre propre volonté ne signifie pas vous opposer à celle des autres, bien que les autres puissent toujours décider de vous considérer comme un opposant. Cela, vous n’y pouvez rien, ça les regarde. Si vous ne comprenez pas ça, essayez au moins un instant, avant de retomber dans l’argumentaire.

Deux mondes se ressemblent et sont pourtant totalement différents : d’un côté, vous pouvez exprimer votre position contre celle des autres ; d’un autre, vous pouvez exprimer votre position comme une balise momentanée signifiant aux autres « J’en suis là, dialoguons si ça ne vous convient pas ». La première position est en guerre, la seconde est en paix. La première, nous ne la connaissons que trop bien, la seconde, nous pourrions la fréquenter bien plus souvent, cela peut s’apprendre… et il est temps !