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Vouloir « autre chose ». A peu près tout le monde semble d’accord là-dessus. Dès qu’on a formulé cette volonté, un chemin s’ouvre devant nous, mais il ne va pas se parcourir tout seul.

Après avoir dit : « je veux », il est temps d’imaginer concrètement comment se décline cette volonté. Quel monde voulons-nous ? Et d’abord, voulons-nous tous le même ? Une seule manière de s’en rendre compte et d’avancer : partager notre plus belle version du monde et la communiquer, afin qu’elle puisse en inspirer d’autres, tout en continuant à se construire grâce aux autres.

Je ne suis pas certain que nous aspirons tous à voir se dessiner un même tableau, même si nous utilisons des mots qui semblent faire l’unanimité, comme la paix, le bonheur, la liberté. Mais que place-t-on derrière ces mots ? Que cela signifie-t-il pour chacune et chacun ?

Constatons que notre monde voit se côtoyer une diversité d’êtres, mais surtout d’états d’être, extraordinaire. Diversité de points de vue, diversité de sensibilités, diversité de volontés. C’est autant la grande difficulté que nous rencontrons que l’espoir d’une immense oeuvre d’art à accomplir ensemble.

Dans ma version idéale, nous cheminons, inlassablement, vers la recherche d’unité dans cette multiplicité.

Partons du principe que nous ne sommes pas unanimement d’accords les uns avec les autres et que nous ne le serons jamais. Cela nous empêchera-t-il de vivre en paix ? Je souhaite un monde où les volontés contraires sont écoutées, au-delà du simple respect, mais jusqu’à une compréhension fine et profonde. Je souhaite aussi un monde créatif, parce qu’il en faut, de la créativité, pour réussir à organiser la rencontre de cette diversité.

J’aspire à un monde où personne n’impose. Pour cesser d’imposer sa vision aux autres, il convient de passer un cap dans sa propre conscience et de développer une certaine mobilité du regard, qui permet d’écouter vraiment. Est-ce que tout le monde en est capable aujourd’hui ? Je n’en sais rien. Et je n’en suis même pas certain pour moi, en tout cas pas à tout instant. Cependant, un monde où cette tentative est constante et volontaire me fait terriblement envie.

Je voudrais donc un monde libre, au sens où personne n’exerce de pouvoir sur quiconque, sous quelque forme que ce soit. Bien sûr, la liberté de l’un ne peut écorcher celle de l’autre et cette rencontre des différences sera toujours un formidable chantier, et un formidable terreau de croissance intérieure.

Est-il si utopique d’espérer un monde où tous ceux qui veulent vivre quelque chose de différent puissent être encouragés et soutenus, plutôt que suspectés ou raillés ? Je ne le pense pas. Faisons une place aux minorités, aux visions autres ou nouvelles. Donnons-nous les moyens de tout tenter pour ouvrir la voie à l’expérimentation, parce que cette volonté de « nouveau » a toujours coulé dans les veines des éclaireurs, qui nous ont offert tous les possibles que nous imaginions impossibles.

Notre temps nous réclame tout sauf la rigidité de l’uniformisation. Il faudrait un ministère des possibles, dont le rôle serait de veiller à lever tous les obstacles à l’expérimentation, afin de la rendre… possible. Si chaque pays, et même chaque commune, pouvait réserver une partie de son territoire aux essayeurs, ce serait pour moi le signe d’une belle percée de notre conscience collective.

Voilà ma proposition du jour. Pour éviter de la noyer dans d’autres idées, je m’arrête ici.