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                                      Accepter quotidiennement le regard hautain des vieilles statues patriarcales du passé, c’est accepter que notre monde puisse continuer à se mouvoir dans ces énergies que, pourtant, bien peu d’entre nous souhaitent voir perdurer. Le monde du pouvoir des uns exercé sur les autres contre leur volonté DOIT être déboulonné ! Et le plus rapidement possible ! Que les moyens soient symboliques ou concrets, puissent-ils tous participer à cette révolution des consciences qui s’éveillent et disent enfin NON.

Non, nous ne voulons plus d’une société de pouvoir, de dissimulation, de mensonges, de manigances, d’égoïsme et d’esclavage. Nous voulons une société qui invite chacun de ses membres à s’élever à sa pleine puissance, c’est-à-dire à son enthousiasme de vivre, lieu intérieur d’où ne peut que jaillir le meilleur de chacun de nous, son talent propre, ce qu’il sait faire de mieux parce que c’est ce qu’il aime faire. Et étrangement, ce talent prend toujours la forme d’un don. Parce que, pour accéder à son propre enthousiasme, il semble bien qu’il faille se hisser sur les sommets de l’empathie, pour soi, pour les autres et pour le vivant dans son ensemble.

Ce n’est plus si compliqué que ça aujourd’hui. C’est à notre portée. Cela demande une éducation qui n’est certes pas immédiate, mais qui peut être relativement rapide. Les enfants semblent d’ailleurs naitre avec. C’est surtout notre monde « adulte » qui s’est privé de ses ailes et qui doit aujourd’hui tout faire pour se déconditionner, se déconfiner, afin que, plus jamais, nos enfants ne doivent connaitre le moule dans lequel nous avons été contraints de nous fondre pour faire partie de ce monde malade. Ne voyez-vous pas, comme moi, que nous sommes à la préhistoire de l’humain ? L’ouverture vers la beauté de tous les possibles, c’est aujourd’hui, c’est maintenant.

Cet article parle de pouvoir. Je nous engage à tendre vers le zéro pouvoir, comme vers le zéro déchet. Cela doit faire partie de notre écologie. Dénonçons pacifiquement toutes les prises de pouvoir dont nous sommes témoins dans notre quotidien. Ne les acceptons plus. Ne tombons cependant pas dans le piège de l’accusation. L’accusation est, elle aussi, une prise de pouvoir sur « l’autre ». Remarquons, là où nous sommes, comment cette habitude de nous imposer aux autres nous colle à la peau, d’autant plus lorsque nous sont confiés des postes à responsabilité. Hiérarchie et pouvoir devraient définitivement se désolidariser.

Une hiérarchie nait spontanément d’après les couches de « problèmes » qu’il y a à traiter par une collectivité. Certaines de ces couches nécessitent un regard plus vaste, d’autres un zoom vers le détail le plus concret. Gérer l’une d’entre elles ne nous autorise pas à imposer la donne à celles du dessous. Bien au contraire, les « supérieurs » devraient toujours se sentir serviteurs du collectif. En latin, le mot ministre ne désigne-t-il pas d’ailleurs, littéralement, « le serviteur » ? Un chef devrait s’acharner à faire éclore l’enthousiasme du groupe dont il a la responsabilité. Il n’a pas à donner la direction, mais bien à la faire émerger dans le coeur de chacun.

Que le besoin de pouvoir nous quitte pour de bon, que le besoin de pouvoir quitte cette planète et n’y remette plus les pieds ! Les images patriarcales en sont les symboles et nous nous devons de les déboulonner, au propre et au figuré. Que les chefs, les leaders, les directeurs, les présidents, deviennent des exemples de don, de service envers la vie, toute forme de vie. Et ces chefs ne sont pas que « les autres ». Chacun de nous se frotte, un peu ou beaucoup, au rôle de « chef » quotidiennement, ne fut-ce que dans sa relation avec les enfants qu’il rencontre.

Alors, le petit conseil du jour : devenez des sentinelles de la puissance, à votre propre niveau. Refusez les prises de pouvoir dont vous êtes les témoins, créez des collectifs qui les dénoncent pacifiquement. On est toujours plus forts ensemble. Déboulonnons ces statues de métal, mais aussi celles de chair et d’os que nous laissons vivre en chacun de nous. Nos chefs ne sont pas des coupables et il ne servirait à rien de les décapiter. Nous ne ferions sans doute pas mieux à leur place. Eduquons-les plutôt, éduquons-nous mutuellement à la gouvernance sans pouvoir. Eduquons-nous à nous mettre au service de la pleine puissance que nous portons, individuellement et collectivement.

Pourquoi est-ce même simplement du bon sens que de faire remarquer constructivement à nos chefs : « Attention, là tu imposes. Tu exerce un pouvoir. » ? Analysons le problème jusqu’au bout : lorsque vous imposez quelque chose à l’autre, vous faites de lui votre opposant et il ne peut que faire de vous son oppresseur, puisqu’il est obligé de ravaler son élan vital pour se soumettre à votre volonté. Inévitablement, un réservoir de ressentiment vient à se remplir à votre égard. Lorsqu’il est plein, la dernière goutte fait bien sûr déborder le vase et vous vous ramassez en pleine figure la violence que vous avez vous-même semée, peut-être sans vous en rendre compte. On ne peut éternellement forcer un être humain à renier sa force de vie.

Alors, c’est du simple bon sens : l’exercice du pouvoir n’a aucune utilité. Il ne peut mener qu’à la guerre. N’en avons-nous pas assez ? Moi si. Il y a un chemin de paix, comme il y en a un de guerre. C’est celui de paix qu’il m’intéresse de promouvoir et de mettre en construction. Il passe par l’extinction du pouvoir et par l’éclosion de la puissance, que j’ai définie plus haut.

Soyons donc un peu clairvoyants. Non au pouvoir ! Oui à la puissance, notre puissance !