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Et d’abord, voulons-nous vraiment prendre part à cette stupide guerre d’opinion ?

Voici comment éventuellement éviter de tomber dans le piège qui se présente à nous, si toutefois nous souhaitons mettre en avant la bienveillance et le souci de l’autre.

Il n’est pas ridicule de porter ce masque par souci de l’autre, bien au contraire. Si ce qui vous a permis de forger votre opinion vous mène à croire que c’est important, il est logique que votre envie de soin à l’autre se manifeste de cette manière.

Il n’est pas ridicule non plus de voir dans l’obligation que notre gouvernement nous impose une tournure autoritaire et, si tout ce qui vous a permis de forger votre opinion vous mène à croire qu’on baigne dans la manipulation et qu’il y a un danger à dénoncer, il est logique que votre intention de soin à l’autre se manifeste d’une autre façon, voire de manière opposée à la première.

Et si on tentait de ne pas succomber à la tentation de juger l’opinion de ceux qui ne se positionnent pas sur le même plan que nous ? La bêtise qui nous guette – la vraie maladie dont souffre l’humanité – c’est le jugement, qui nous amène à nous taper sur la gueule mutuellement et sans fin, voyant en l’autre un ennemi du “bien”. Les puissants se délecteraient certainement à l’idée de nous voir nous engouffrer comme des enfants dans une énième guerre de bac-à-sable – qui pour les adultes se nomme guerre civile – trop conscients qu’ils sont que cela ne peut que détourner notre attention de la création possible d’un monde plus « démocratique », en union les uns avec les autres, et non les uns contre les autres.

J’invite ici seulement à l’écoute profonde des différents points de vues, sans jugement, avec un réel souhait de comprendre où l’autre se place et d’où il émet son opinion. Nous faisons partie d’une société plurielle, aux nombreux points de vue, aux nombreuses sensibilités, aux différentes maturités aussi. Et cela est riche. Entrer dans l’argumentaire pour discréditer le ressenti d’une partie d’entre nous est un virus tueur de vie, à la propagation duquel je ne veux plus prendre part, et dont je chercherai même toujours à faire voir l’action.

Obliger, c’est écraser les avis contraires. Peut-être est-ce parfois nécessaire lorsqu’une certaine maturité ne s’est pas encore établie – je pense éventuellement à l’éducation des enfants – mais une fois adultes, qui d’entre nous peut s’arroger la légitimité de dire : “j’ai plus de maturité que toi, donc je t’oblige à faire ce que je dis” ?

Je n’ai qu’un souhait : bienveillance pour tous les points de vues, quelle qu’en soit leur maturité.

Croyez-vous qu’il soit important de chercher à convaincre les autres de votre point de vue, ou à tout le moins de le partager ? Pourquoi pas, si vous pensez qu’il est meilleur, plus sage ou plus beau. Mais alors, posons-nous au moins la question du moyen de convaincre. Si nous voulons le faire intelligemment, la force physique ou celle des arguments est-elle convaincante, au-delà de la surface des choses ?

Pour aller au coeur de la conviction, cela ne nécessiterait-il pas d’autres éléments : temps, éducation, patience, intelligence, douceur, compassion, volonté, expérience… amour ?

Vous direz peut-être que, dans l’urgence, il faut parfois imposer. Peut-être. Alors se pose en même temps la question de la confiance en celui qui impose. C’est une autre histoire.

Mais dans ce cas-ci, celui des masques, je ne crois pas que l’obligation soit porteuse, ni fédératrice. Pourquoi ? Parce que qui dit obligation dit guerre d’opinion, et de mon point de vue, dont je ne cherche à convaincre personne, je crains bien plus de vivre dans un monde de jugements que de mourir dans un monde en paix.